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[CRITIQUE] Le remake des 7 Mercenaires : Entre hommage et blockbuster


Sous l’impulsion du fantasque Tarantino (Django Unchained, Les 8 Salopards), l’Ouest américain de la seconde moitié du XIXème siècle semble récemment retrouver son attrait cinématographique.

L’excellent Bone Tomahawk (S. Craig Zahler), mais surtout l’investissement de grosses productions comme Disney (Lone Ranger) ou Netflix (The ridiculous 6) confirment cette tendance.

L’Ouest reste une source d’inspiration diverse, allant des westerns classiques aux comédies, en passant par les huis clos ou les blockbusters.

Il n’est donc pas étonnant, dans ce contexte, de découvrir en salles le Remake d’un western des années 60. Et pas n’importe quel western ! Les 7 mercenaires, film emblématique de John Sturges, au casting à couper le souffle (Steeve Mc Queen, Eli Wallach, Charles Bronson…) ; lui-même remake du non-moins emblématique Les 7 Samouraïs, du fabuleux Kurosawa.

Autant dire qu’Antoine Fuqua (Equalizer, la rage au ventre) s’attaque à un défi de taille : Continuer à faire monter la hype cinématographique de l’Ouest américain, mais aussi apporter du renouveau à un des grands classiques du genre western.

Je tenterai d’abord de savoir si ce film est susceptible, par sa qualité, de continuer à rendre les westerns de plus en plus "mainstream". En pensant à ce film, la première chose qui me saisit est la justesse du jeu d’acteurs.

Le casting alléchant répond aux attentes : Denzel Washington nous gratifie (comme toujours) d’une très bonne performance, très bien secondé par Chris Pratt qui réussit parfaitement à alterner la détermination et l’humour. Ethan Hawke livre une performance sans failles dans l’interprétation d’un sniper confédéré tourmenté, et Vincent d’Onofrio réussit à merveille à faire sourire en jouant un trappeur tueur d’indien bourru.

La performance d’Haley Benett, seul rôle féminin du film, constitue la seule ombre à ce tableau de l’interprétation : sa voix et ses expressions faciales sont identiques pendant tout le film : les scènes de combat, de détermination, d’action, et même de pleurs ne modifient pas le jeu de Benett.

Ce jeu d’acteur vient compenser d’abord une mise en scène quasi-inperceptible, avec très peu d’identité excepté les easters eggs et diverses références à d’illustres westerns.

A ce manque d’identité s’ajoute un scénario banal et prévisible, bien qu’efficace : il fait monter la pression préalable à la bataille finale d’une bien belle manière.

Néanmoins, sa banalité prend une dimension négative lors du dénouement, qui, malgré de belles possibilités, démontre à nouveau le manque d’identité et de parti pris du film.

Néanmoins, la montée en pression bien orchestrée par le scénario sert le vrai point fort du film : la chorégraphie des scènes d’actions.

Celles-ci sont très savamment orchestrées : un rythme soutenu mais clair, avec des temps de calme entre les scènes de combat, même durant la bataille finale ; des face-à-face dans lesquels le sang est parfaitement dosé ; une intensité et un suspens à toute épreuve, le tout accompagné d’une musique sur mesure qui dynamise l’action.

De surcroît, elle constitue le dernier apport de James Horner (Titanic, Bravehart, Troie, Avatar) au 7ème art.

Après la principale satisfaction, la principale déception du film se doit d’être évoquée : les personnages.

Entre ceux dont le potentiel a été ignoré ( Goodnight Robicheaux, Horne), et ceux qui ont été presque ignorés ( Red Hawk, Manuel Vasquez), les seuls mercenaires réellement mis en valeur sont Sam Chilstom (Denzel Washington) et Faraday (Chris Pratt) malgré un prometteur système de duo.

La déception est d’autant plus intense lorsqu’on compare ces personnages au film original : ils sont moins caractérisés, le temps dédié à leur recherche est plus court et le méchant est infiniment plus charismatique : à un bandit interprété avec Maestria par Eli Wallach se substitue un industriel sans vergogne, sans compétence de tireur et avec un temps très faible passé à l’écran.

Le problème des personnages met en lumière un autre aspect du film à analyser : sa qualité en tant que remake. Le choix d’accélérer la trame par rapport au film original se fait, comme on l’a vu, au détriment des personnages.

De nombreuses références à différents westerns, dont le film original, sont perceptibles, mais l’absence de référence au film de base, Les 7 samouraïs, est dommageable.

Néanmoins, ce remake apporte des choses par rapport au film de base. Le premier apport est tout d’abord une réalisation moderne, et efficace, qui permet de découvrir ou re-découvrir cette histoire désormais classique du cinéma. Mais surtout, l’apport principal de ce remake est une relecture de l’intrigue.

Un capitaliste véreux se substitue aux bandits, tandis que l’intrigue se déroule aux Etats-Unis, et non pas au Mexique : les mercenaires, issus des populations biaisées par les débuts du capitalisme aux Etats-Unis (les afro-américains, les immigrés, les ruraux, les natifs…) s’opposent à la partie sombre de la conquête de l’Ouest, donnant au remake une dimension sociale qui n’existait pas dans l’original.

En résumé, malgré des points de déception (mise en scène, personnages…), ce film est un blockbuster efficace et divertissant : on est satisfaits de l’argent dépensé pour les 2h13 de film en sortant de la salle. Il constitue un remake façon blockbuster moderne de deux grands classiques du cinéma, tout en y apportant une dimension nouvelle.

Mais c’est ce côté « commercial » qui empêche au film d’être ambitieux : se conformant aux codes des grandes production hollywoodiennes, il manque d’identité propre malgré une certaine relecture de l’Histoire originale.

Note : 3.5/5


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