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Doctor Strange : Marvel's New Era is Coming

Après déjà 16 films de sortis, le MCU (Marvel Cinematic Universe) introduit un nouveau personnage dans ses rangs, et pas des moindres : Stephen Strange, alias Doctor Strange (au moins on ne se demande pas "Doctor Who ?"). L'arrivée du Sorcier Suprême (tel est son surnom dans le vaste univers des comics) va chambouler pas mal de choses au sein du MCU, du moins d'après les têtes pensantes de cet univers de films de super-héros se croisant régulièrement au sein de leurs histoires. Réalisé par Scott Derrickson (L'exorcisme d'Emily Rose, Le jour où la Terre s'arrêta de tourner, Sinister) dont c'est le premier blockbuster de sa jeune carrière, le casting comporte quelques beaux noms comme Benedict Cumberbatch, Mads Mikkelsen, Tilda Swinton, Chiwetel Ejiofor ou encore Rachel McAdams.

Ce qui suit contiendra du spoiler. Si vous continuez à lire ceci, ce sera à vos risques et périls !

La campagne promotionnelle autour du film a beaucoup évoqué l'idée du chamboulement, avec force images de rues déformées par les pouvoirs magiques des personnages de l'histoire. Une chose encore inconnue dans le MCU, où les rues étaient plutôt destinées à devenir des champs de bataille ravagés par les combats entre les Avengers et leurs ennemis. Et visuellement, c'est une claque. Les bâtiments se pliant et se mouvant à la volonté des Sorciers offrent des séquences d'affrontements complètement différentes de toutes celles présentes dans les films du MCU. Et pourtant, on en avait déjà beaucoup vu, avec les batailles dans les rues, dans les airs, dans l'espace, et ce contre de multiples adversaires, qu'il s'agisse de Loki, d'Ultron ou encore des divers adversaires personnels de chaque Avenger, quand ce n'est pas entre eux qu'ils s'affrontent.

Revenons sur l'homme qui porte cette nouvelle histoire, ce nouveau personnage qui va amener bien des changements à l'univers des films Marvel. Stephen Strange (Benedict Cumberbatch), neurochirurgien au comportement aussi arrogant et agaçant que celui de Tony Stark (les deux sont de grands amis dans les comics Marvel, ce qui n'étonnera personne !) à qui tout réussit ou presque se crashe en voiture et perd l'usage de ses mains, ce qui pour un chirurgien pose de sacrés problèmes.

Les mains seront un des fils rouges du film : c'est par ses mains que l'on "rencontre" Strange pour la première fois, par un plan cadré sur ses mains alors qu'il s'apprête à opérer, c'est sur ses mains que l'on zoome au moment de son accident de voiture, c'est la perte de motricité de ses mains, alors qu'il aurait pu perdre bien plus dans cet accident impressionnant, qui va briser son esprit en deux et lui faire tout perdre en tentatives de soins, c'est par cette même obsession de se soigner par désormais n'importe quel moyen, même contraire à ses convictions scientifiques qu'il acceptera de dépenser tout ce qui lui reste pour un aller simple au Népal, où se trouverait la solution à ses problèmes.

Stephen Strange, l'homme brisé, nous paraît détestable par l'attitude qu'il peut avoir, avant et après l'accident, notamment envers sa plus proche collaboratrice/amie Christine "Kate" Palmer (Rachel McAdams) : avant l'accident, il la méprise de soigner des cas "faciles", des désoeuvrés, des alcooliques dans le service des urgences qu'elle gère, ne prend pas des cas de patients qui pourraient nuire à sa réputation en cas d'échec ou étant trop faciles selon lui. Loin du serment d'Hippocrate, Stephen Strange ne vit que pour sa gloire propre, s'écouter parler (il n'invite Kate que pour venir à des dîners où il tient des discours) et sa collection de montres à faire pâlir tout collectionneur de Rolex, fût-il ancien président. Après l'accident, malgré toute l'attention qu'elle lui porte pour essayer de l'aider dans ses démarches puis de l'aider à avancer face à l'accident, il ne voit qu'à travers sa colère égoïste et rejette violemment la seule personne qui se soucie sincèrement de son bien-être. Cette facette du personnage montre la justesse d'interprétation de Cumberbatch, excellent dans ce rôle qui lui semble taillé sur mesure : éprouver de l'indifférence face à un tel concentré de mépris et d'auto-satisfaction, qui ferait passer le Tony Stark d'Avengers 2, le Tony dévoré par son délire de Dieu Créateur et qui créera l'ennemi des Avengers qui amènera les événements qui vont briser le groupe dans Civil War, pour un boy-scout humble et sympathique (le rôle est déjà trusté chez Marvel par le boy-scout suprême Captain America), ce serait un signe que le film est mauvais et raté. Stephen Strange est détestable à souhait et c'est une bonne chose, car on espère que sa quête pour se soigner va l'amener aussi à changer sur son comportement, du moins à gommer les pires traits.

Et c'est ce qu'il fera. Sans devenir un Captain America bis (bien que le voir avec un bouclier magique similaire à celui du Cap' est un joli clin d'oeil), il saura apprendre de son apprentissage chez l'Ancien. L'Ancien (Tilda Swinton) est au début du film la Sorcière Suprême, qui est chargée de surveiller ce monde et les milliers d'autres. Car l'Ancien permet d'introduire une notion qui va devenir fondamentale dans les films suivants : le multivers. Pour résumer, le multivers est l'ensemble des univers existants, et l'on peut voyager dans ces univers grâce à la magie enseignée par l'Ancien. Ce qui pourrait servir de moyen d'introduire certains personnages dans les futurs films du MCU (les rumeurs évoquent beaucoup Spider Gwen, je mettrais une pièce sur les X-Men et Deadpool si Marvel Studios arrive à négocier les droits...avouez que Deadpool au milieu des Avengers serait un grand moment de fun ! Et les X-Men, si les droits avaient été récupérés plus tôt par Marvel Studios, auraient été dans Civil War qui aurait pu alors être une phase entière du MCU et non un seul film, à mon sens).

On retrouve bien là l'idée que le film Doctor Strange va chambouler la suite du MCU, même si le film développe son propre univers de manière très efficace : Doctor Strange ne ressemble pas aux autres films créés jusque là et c'est une bonne nouvelle. Scott Derrickson a réussi une sacrée prouesse, non seulement technique (l'identité visuelle du film est clairement marquée par les scènes de déformation de l'environnement) mais aussi scénaristique à l'échelle du MCU : le film Doctor Strange va changer le monde des Avengers, qui pourtant n'est pas banal loin de là.

Pour en revenir au film proprement dit, la quête initiatique de Strange est autant facilitée par sa grande intelligence, qui lui permet de retenir bien des choses, que ralentie par son incapacité à réprimer son désir de contrôler tout dans sa vie, l'empêchant de se laisser porter par le flux de la magie. La quête initiatique, avec force entraînements et mises en situation dangereuses pour le héros, est un classique de toute oeuvre fictionnelle mais reste efficace dans ce film précis, tout comme la présence d'adjuvants aux caractères bien définis et ayant au moins un minimum de background les rendant intéressants : Mordo (Chiwetel Ejiofor) est un comparse de Strange qui a lui aussi été sceptique au début face à cet univers de magie mais qui en est devenu l'un des plus fidèles serviteurs, vouant à l'Ancien un culte sans faille et proche de Stephen Strange durant sa formation en l'initiant aux arcanes de la magie, ou encore Wong qui alterne entre un comic relief basé sur son flegme total face aux remarques d'un Strange se voulant cabotin et un rôle de conseiller/mentor spirituel qui colle bien à son rôle de bibliothécaire du Temple.

Le rôle du méchant du film est revenu à Mads Mikkelsen, qui interprète Kaecillius, introduit dès le début du film comme un ex-disciple de l'Ancien se rebellant contre ses principes et souhaitant invoquer Dormammu, une "créature" (Dormammu n'a pas réellement de forme définie) qui contrôle la Dimension Noire. On retrouve plusieurs dimensions dans ce film, qui permettent de faire varier l'action et l'histoire de manières différentes : la dimension "classique", celle où vivent les gens, la dimension "Miroir" qui permet à la base aux Sorciers de s'entraîner sans endommager la dimension classique, la dimension astrale, où les projections astrales des Sorciers peuvent se mouvoir hors de leur enveloppe physique et peuvent dialoguer avec les gens de la dimension classique ou combattre d'autres projections astrales. Kaecillius arrive notamment à montrer à Strange et à ses compagnons que l'Ancien n'est pas forcément un modèle de vertu car elle arrive à prolonger son existence en se nourrissant du pouvoir de la Dimension Noire, tout comme lui. L'Ancien mourra des mains de Kaecillius, malgré les efforts de Strange pour tenter de la faire sauver par Kate aux urgences (une Kate qui récolte la palme d'or de la bonne pomme pour continuer à aider un Stephen Strange qui a au moins le mérite d'exprimer ses regrets et ses torts dans son comportement d'avant sa quête initiatique).

Doctor Strange est notamment reconnaissable visuellement par deux éléments importants : sa cape et son médaillon. Ceux-ci jouent un rôle dans l'histoire et méritent un petit coup de projecteur : la cape est une relique des Sorciers, et comme l'explique Mordo, c'est la relique qui choisit le Sorcier ("Tu es un sorcier, Stephen") et il s'agit de la Cape de Lévitation (et non, elle ne rend pas invisible, personne n'enverra Stephen enseigner à Poudlard !), qui semble animée d'une certaine volonté propre, n'hésitant pas à aider Strange à plusieurs reprises lors de son premier combat contre Kaecillius, l'aidant à parer les coups du Sorcier. Le médaillon est lui l'Oeil d'Agamotto, qui permet de contrôler le temps. Un Oeil d'Agamotto qui va tenir une place essentielle dans la suite du MCU car il contient l'une des Pierres d'Infinité recherchée par le grand grand méchant du MCU (qui est délaissé depuis quelques films, qui n'a pas encore été évoqué dans celui-ci, à ma grande déception) : Thanos. Sur les 6 Pierres annoncées, on en a désormais 5 révélées, ce qui signifie qu'on s'approche du grand affrontement entre Thanos et les Avengers (ce qui promet beaucoup, espérons ne pas être déçus !). Le fil rouge de tous les films du MCU avance au moins un peu, Stephen Strange permettant probablement aux Avengers et aux Guardians of Galaxy de se rencontrer à l'avenir.

Ma seule véritable déception sur le film est le côté un peu "bâclé" de la fin. Plutôt "précipité", à mes yeux, même si je pense qu'il valait mieux cette fin qu'une fin plus "classique" où le héros bat vraiment le méchant définitivement. Mais Dormammu étant vraiment bien trop imposant comme méchant, et Kaecillius difficilement éliminable par un Doctor Strange faisant à peine connaissance avec ses pouvoirs, l'idée de contraindre Dormammu à un marché en l'enfermant dans une boucle temporelle où il tue Strange encore et encore sans réussir à le faire disparaître jusqu'à le pousser à céder au marché proposé par Strange : partir et emmener Kaecillius et ses suppôts avec lui. Je garde un petit goût d'inachevé, où l'on aurait pu faire durer un peu plus l'action face à Kaecillius et Dormammu, mais le film étant relativement court pour un blockbuster Marvel (1h55), je vais me dire « Soyons compréhensifs ».

Le film est au final un vrai bon film de super héros, avec sa propre identité, à l'instar d'un Deadpool (produit par Fox toutefois donc hors MCU). L'humour du film est bien présent et éclater de rire en plein film n'est pas gênant, loin de là, certains gags étant franchement hilarants. Le film est cohérent envers son univers et amorce un virage dans le MCU, à mes yeux plus important que celui de Civil War (la séparation en deux des Avengers ne me paraît pas aussi forte qu'elle l'était dans le comic, mais avec un seul film pour traiter le sujet qui concerne des centaines et des centaines de pages de comics, et avec la moitié des personnages non présents à cause de l'absence des X-Men et des 4 Fantastiques). La réalisation est assez plaisante, entre les bluffantes scènes de distorsion de la réalité et la réalisation « classique », les acteurs sont impliqués dans leur rôle et se démarquent bien les uns des autres et Cumberbatch est aussi bon en Strange qu'en Sherlock.

Tout (bon) Marvel ayant sa/ses scène(s) post-générique, et Doctor Strange ne faisant pas exception, les deux scènes supplémentaires nous offrent deux informations importantes sur l'avenir de Stephen Strange et sur son rôle dans le MCU : la première est une rencontre entre lui et Thor, qui sera le prochain à avoir son film (avec Hulk, dans Thor : Ragnarok) et où la question de Loki sera abordée par le Sorcier Suprême, et une autre se focalisant sur Mordo, qui n'a pas supporté la vérité sur l'Ancien et se détourne de ce qu'il a cru pendant longtemps pour devenir finalement le Mordo connu des fans de comics : le pire ennemi du Doctor Strange, le Baron Mordo (qui a pactisé avec Dormammu dans les comics) et qui semble être dans l'objectif de faire diminuer le nombre de Sorciers dans le monde afin de satisfaire son nouvel idéal.

Sur ce, arrête de faire ton cinéma, et va voir plein de films, à tchao bonsoir !


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