Je ne ferai plus jamais partie de ceux qui défendent la théorie du complot prétendant que l'Homme n'a pas marché sur la Lune.
Si Katherine Johnson, cerveau de la NASA (et femme afro-américaine, et tout ça durant Jim Crow) y a contribué, alors je veux bien y croire.
On part d'un constat qui suscite la colère : trois scientifiques, femmes, Noires qui ont été des figures importantes de la NASA durant la Course à l'espace n'ont laissé aucune empreinte dans l'Histoire.
On ressort du film heureux d'avoir découvert ces trésors enfouis.
« Nasa !» s'étonne un policier qui les interpelle au bord de la route « Je n'avais aucune idée qu'ils embauchaient des...».
« Il a un bon nombre de femmes dans le Programme Spatial.» répond avec assurance Dorothy Vaughan interprété par la talentueuse Octavia Spencer.
Le film commence par nous dépeindre des codes de l'Amérique ségréguée connus de tous : séparés, mais égaux. Les « ordinateurs » Blanches sont séparés des Noires. Ces dernières sont entassées dans une pièce plus petite, mais l'énergie y est frénétique : on y calcule plus vite que la lumière, on vise la lune par la magie des chiffres. On a envie de résoudre ces équations avec elles, même si on n'a jamais atteint la moyenne en maths.
« Les Russes ont un satellite espion contournant la planète, prenant des photos de Dieu seul sait ! Le Président demande une réponse immédiate. »
Le ton est donné. C'est sous la pression que la NASA appréhende les avancées des Russes dans la Course pour l'Espace. Les mathématiciens, ingénieurs et astronautes les plus talentueux sont requis. Et il se trouve que la colored section (section pour personnes de couleurs) regorge de talents capables d'élever la NASA au rang de leader dans la course à l'Espace.
Dans cette petite pièce se distingueront trois personnages : Katherine Johnson (Taraji P. Henson), Dorothy Vaughan (Octavia Spencer) et Mary Jackson (Janelle Monáe).
Limitées par la « colored section » elle imposeront leurs génies à travers toute la NASA. Elles rendront les ambitions de l'institut possibles, prises par les enjeux de la Guerre froide.
Mais ne vous inquiétez pas si la conquête spatiale et la rivalité américano-russe est le cadet de vos soucis. Hidden Figures est avant tout une histoire humaine, mêlant ambition, amour et persévérance. On se sent proche de chaque personnage, on sourit quand elles sourient, on pleure quand elles pleurent, on est en colère quand elles sont en colère, on est essoufflé-e quand Katherine Johnson court une vingtaine de minutes traversant le domaine de la NASA dans l'unique but de se soulager dans les seuls toilettes pour personnes de couleurs, tout cela rythmé au son de Running produit par Pharell Williams.
Cette scène est très drôle a priori. Elle mène cependant à un monologue poignant du personnage incarné par Taraji P. Henson. Un monologue qui capture l'essence et le message de cet œuvre :
«Il n'y a pas de toilettes pour personnes de couleurs dans ce bâtiment, ou dans aucun bâtiment en dehors du West Campus, qui est à un demi-kilomètre d'ici ! Le saviez-vous ? Je dois marcher jusque Timbuktu juste pour me soulager ! Et je ne peux pas utiliser un de ces vélos. Pouvez-vous imaginer cela, Monsieur Harrison ? Mon uniforme : jupe qui arrive en dessous des genoux et mes talons, et un simple collier de perles. Eh bien, je n'ai pas de collier de perles ! Dieu seul sait que vous ne payez pas assez les personnes de couleurs pour qu'ils s'offrent des perles ! Et je travaille comme un chien, jours et nuits, survivant avec le café d'une cafetière qu'aucun de vous ne veut toucher ! Donc... Excusez-moi, si je dois aller aux toilettes parfois. »
Après cela, Monsieur Harrison, le superviseur de Katherine Johnson met fin aux toilettes séparés dans la NASA.
Au final, ces femmes talentueuses, "mais" noires, sont contraintes par ces bulles imaginaires qu'il suffit d'éclater pour qu'elles atteignent la Lune.