Personnage central de l’univers cinématographique Marvel (MCU), le dieu du tonnerre Thor est de retour sur nos écrans cette semaine avec le savoureux « Ragnarok ». Un film de super-héros qui suit scrupuleusement la recette Marvel : une intrigue pas surprenante mais qui marche, un méchant (en l’occurrence une méchante) badass, un soupçon d’émotion et de caméos et, évidemment, une tonne de gags.
Ça faisait un petit moment qu’on ne l’avait pas vu, depuis « Avengers : Age of Ultron » (2015) pour être exact. On était d’ailleurs surpris de ne pas l’apercevoir dans la grande mêlée des héros qu’était « Captain America : Civil War » (2016). Alors oui, il aura bien fait quelques apparitions furtives ça et là, dans des scènes post-credits ou dans des vidéos complètement barrées sorties par Marvel pour nous faire patienter (https://www.youtube.com/watch?v=K5PYZR30sG4), mais ça faisait quand même du bien de retrouver Thor pour le troisième volet de sa saga solo, l’intriguant Ragnarok.
Des vannes, des vannes, et quand même un peu d’histoire
C’est d’ailleurs durant cette absence, et avec ces petites vidéos que Marvel nous avait préparés au tournant … comique qu’allait prendre le personnage. Exploitant presque à l’usure le côté spontané, émerveillé et presque simplet de l’asgardien Thor, dont la confrontation à la culture terrienne a donné quelques scènes assez marrantes dans les précédents films, le studio a fait de « Ragnarok » autant un film de super-héros qu’une comédie burlesque.
Du début à la fin du film, presque chaque moment est pondéré par une vanne, un gag, un moment ridicule. Le film, très léger, est définitivement détaché du reste de la saga. La spontanéité de Thor se transforme en douce naïveté, et si on ressort, fatalement, du film avec le sourire au lèvres, attention à ce que cette course à la vanne ne devienne pas systématique et qu’elle n’empiète pas plus que de raison sur le très attendu « Avengers : Infinity War ».
En parlant de ça, Marvel a pris l’habitude, depuis un moment, d’optimiser son temps en incluant plusieurs de ses personnages dans chacun de ses films. Ça renforce l’effet « cinematic universe », ça permet aux personnages de se claquer une bise entre deux films et ça fait toujours plaisir aux spectateurs. Le meilleur exemple étant bien entendu Civil War, à l’origine un Captain America 3 mais qui est vite devenu un Avengers 2.5. Marvel a réitéré lors de ses deux derniers films : « Spider-Man : Homecoming » fait la part belle au personnage d’Iron Man, et « Thor : Ragnarok » à celui de Hulk, qu’on n’avait également pas aperçu depuis Avengers 2. Plus qu’un sidekick, Hulk tient dans ce film un rôle d’invité de marque : on le retrouve sur la planète-poubelle sur laquelle Thor échoue, ils se tapent, puis ils partent ensemble. Un moyen comme un autre de réintroduire Hulk dans la saga Marvel et de préparer doucement le troisième volet des Avengers, qui réunira tous les héros sur Terre.
Dans ce flot de vannes et de retrouvailles émues, on en vient presque à oublier l’intrigue, l’histoire, et ce qu’elle apporte tant au personnage de Thor qu’au MCU. En toile de fond, la principale intrigue concerne Hela, la demi-soeur surprise de Thor et Loki, revenue sur Asgaard pour y semer terreur et souffrance… et interprétée par une Cate Blanchette assez surprenante dans ce registre. C’est la signature de Marvel : avec dix-sept films sortis depuis 2008, chacun ne représente qu’une miette du puzzle final et, autour, on en vient vite à meubler quitte à tomber parfois dans une forme de vacuité. Sauvé par son humour et son ambiance résolument pop, héritée de son réalisateur Taika Waititi et largement inspirée par les « Gardiens de la Galaxie », Thor reprend au final la même recette que tous les Marvel avant lui. Une recette qui fonctionne et à laquelle Marvel sait apporter une touche de folie, mais qui ôte un peu plus à chaque film de l’effet de surprise. On ne ressort pas de « Thor : Ragnarok » bouleversé par le génie de Marvel, mais bien contents quand même : le film est cool, beau à voir, on rigole bien et on a vu un film de super-héros. Tant que ça nous suffira, Marvel saura parfaitement combler nos besoins.